17 piges – Récit d’une année en prison de Isabelle Dautresme & Bast

Cette bande-dessinée éditée chez Futuropolis a attiré mon attention dès sa sortie. Il faut dire que le sujet n’est pas des plus courant, en l’occurrence, la détention provisoire d’un mineur lors d’une procédure d’instruction. Si j’ai aimé l’aspect fouillé de l’œuvre, la qualité du graphisme, je déplore certaines erreurs quant à la procédure judiciaire qui me hérissent un peu. Quand on veut traiter avec un certain réalisme et en portant une certaine « véracité » il est de bon ton, à mon sens, de travailler sur tous les aspects du récit. J’ai donc trouvé ce point un peu dommage car le sujet mérite d’être évoqué et la bande-dessinée est un support très intéressant pour le faire.

17 piges - Isabelle Dautresme,  Bast

Ben N’Kante, 17 ans, est un lycéen ordinaire qui se voit un jour emmener par deux policiers. On lui indique qu’il va être incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis, au sein du quartier réservé aux mineurs. Persuadé de ne pas y rester longtemps, Ben voit les jours qui s’ajoutent les uns après les autres. Et l’impact de la situation sur sa famille. Au fil du temps, il change…

Ce qui amène Ben en détention provisoire, nous finissons par le comprendre, mais là n’est pas l’essence de 17 piges. Ce qui est dénoncé c’est le régime carcéral, le milieu, et ce qui amène un lycéen, certes poursuivi pour des faits graves, à devenir un détenu sans perspective d’avenir et qui petit à petit, devient sans doute pire que ce qu’il était à son arrivée. Cette problématique fondamentale dans le milieu carcéral a souvent été soulevée. Des films, tel que Le Prophète, en ont parlé. Quel est l’intérêt de la détention si le résultat est pire ?

Je suis bien placée pour savoir les préjugés sur la prison que nourrissent nombre de personnes. Et la réalité de celle-ci. Cette BD traite plutôt de la réalité de l’emprisonnement. Du « bénéfice » que la société en tire. Et des conséquences aussi sur les proches du détenu. Ici, la victime est inexistante car le récit se déroule uniquement du point de vue du détenu. Mais j’ai trouvé dommage que ne soit pas évoqué ce que l’on peut voir aussi : la prise de conscience. De la gravité des faits commis qui l’ont conduit à cette situation. Et c’est dommage car cela aurait sans doute humanisé davantage notre jeune homme et contribué sans doute à s’y attacher davantage pour celleux qui aborderaient ce récit avec une certaine méfiance ou appréhension.

J’ai trouvé très bien que le rôle de l’avocat soit abordé notamment sous l’angle de la défense des intérêts du mineur, les explications sur la procédure, l’optimisme et la volonté d’y croire, de ne pas désespérer. Je pense, j’espère, que c’est assez réaliste.

La prison est un sujet difficile qui est abordé avec autant de simplicité que de dénuement. Tout le récit est en bicolore, sobre, pour mieux se concentrer ce qui entoure notre jeune. J’ai aimé le trait utilisé, le style de Bast. Je trouve qu’il sert magnifiquement bien le récit. Et je ne doute pas des qualités journalistiques d’Isabelle Dautresme mais il y a quelques couacs sur la procédure judiciaire et c’est dommage. Alors certes, ce sera sans doute des connaisseurs du milieu qui s’en rendront compte mais je suis assez attachée aux détails dans les récits et à leur exactitude.

A la fin du récit, il est ajouté des éléments d’informations divers et variés qui sont complémentaires et intéressants à lire. C’est une thématique spécifique qui ne plaira sans doute pas à tous mais qui mérite d’être découverte à travers cette bande-dessinée.

Bonne lecture !

Maêlle

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