Le tour d’écrou – Dande-dessinée adaptée de l’œuvre de Henry James

   Cette fois-ci, c’est chez Délivrer des livres avec un article de Nathalie que je fis la connaissance de cette bande-dessinée étrange, Le tour d’écrou adaptée du roman éponyme de Henry James, dont le synopsis, autant que l’article de Nathalie, m’attira. Le résumé se trouve être aussi troublant que l’est l’œuvre. Difficile de dire si j’ai aimé ou non tant je suis sortie de ma lecture assez perplexe. Tant et si bien qu’il faut bien un petit article pour l’évoquer…

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   Commençons par la couverture. Je ne sais pas vous mais je lui trouve une ambiance totalement angoissante. La gouvernante située au milieu des deux enfants avance d’un pas déterminé vers un manoir qui inspire une certaine crainte. On sait d’avance qu’il va se passer des choses étranges, des événements improbables. Les regards jetés en arrière par les deux enfants achèvent de vous convaincre – si il en était encore besoin – que tout ne sera que jeu de dupes.

   L’auteur opte pour le système d’un personnage-narrateur afin de nous conter son histoire. Nous voilà donc assis près de l’âtre, savourant un feu de cheminée bienfaisant tandis qu’un des convives se met à nous raconter qu’il détient un récit fabuleux mais étrange. Notre curiosité, au même titre que celle des autres invités, est attisée et nous désirons ardemment connaître la suite.

   Il est difficile plus tard de se rappeler que nous sommes confortablement assis dans un fauteuil rembourré tant nous voilà plongé dans l’histoire de cette gouvernante. Cette jeune femme a vécu selon l’histoire dans l’Angleterre du XIXème siècle. Fille de bonne famille, méritante, elle répond à une annonce sollicitant une gouvernante pour s’occuper de deux enfants. Convoquée par l’auteur de l’annonce, elle découvre un bel homme qui lui inspire confiance. Il souhaite la voir s’occuper de deux jeunes enfants, un garçon Miles et une fille Flora, qui sont respectivement son neveu et sa nièce. Ils vivent tous deux dans une propriété très isolée qui se situe à la campagne. Parmi ses désidératas légitimes, l’employeur en formule un qui paraît plus surprenant. Il souhaite qu’elle ne fasse jamais appel à lui. Elle ne devra référer de rien, ni solliciter aucune aide. Il attend d’elle une parfaite autonomie. Si ce point interpelle la jeune femme, la nécessité d’un travail pour subvenir à ses besoins lui fait faire fi de ses inquiétudes et elle accepte la proposition.

   Malgré son instinct qui rechigne à se rendre dans ce nouveau lieu de vie, la jeune femme avance droit devant elle, comme sur la couverture, et se rend à son nouveau poste de travail. A peine eut-elle fait connaissance avec la jeune Flora qu’on la sent conquise par cette douce enfant. Miles ne tarde pas à les rejoindre après s’être fait exclure de son établissement scolaire. Une décision qui n’a de cesse de surprendre la jeune femme, tout aussi conquise par le charme de Miles qu’elle le fut par celui de Flora. Les deux enfants semblent adorables, ils ont un côté angélique, davantage souligné par ce qu’on lit que par les dessins. Et c’est cet angélisme qui contraste violemment avec l’ambiance surnaturelle qui s’installe.

   L’auteur distille progressivement des événements qui tendent à susciter une certaine inquiétude. La raison de la gouvernante semble heurter les peurs qui résident chez les autres employés de la maison. Les morts sinistres qui ont précédé sa venue, semblent continuer à hanter les lieux. Raison et folie semblent s’affronter pour savoir de qui entre la réalité ou le surnaturel aura raison de l’autre.

   Persuadée d’une forme de complicité entre les enfants et les « autres », que les enfants étaient chafouins, j’ai eu du mal à accepter l’idée de les protéger qui tend à se développer et à laquelle la gouvernante s’accroche. Pourtant c’est bien cela qui va finir par prendre le dessus et l’on finit par assimiler l’idée selon laquelle les enfants sont victimes d’une force extérieure contre laquelle il leur est impossible de lutter.

   Il est clair que l’ambiance est oppressante. Le dessin de Duphot sert plutôt bien le récit même si j’apprécie davantage sa palette de couleurs choisies, que je trouve adéquates, à son trait que je trouve parfois insuffisamment soigné. N’ayant pas (encore) lu le roman éponyme, je ne peux juger de la fidélité quant à l’adaptation. Promis, je l’ai intégré dans ma liseuse et vous en parlerai.

   La fin m’a décontenancé. C’est déroutant de ne pas avoir une fin claire et tranchée. Cela m’a donné l’impression que le narrateur de l’histoire avait soudainement cessé de lire sans autre explication. De toute l’histoire, c’est cette impression d’incompréhension et de « non-fin » qui me reste. Au-delà même de l’angoisse ressentie et omniprésente, je ressors surtout avec l’impression d’être passé à côté de quelque chose, la sensation de ne pas avoir tout saisi du récit. Ce qui est peut-être le cas, je l’ignore et c’est une des raisons qui me pousse à vouloir lire la version originale, même si Nathalie semble avoir éprouvé quelque chose d’assez similaire.

   Cela peut sembler paradoxal mais ça ne m’a néanmoins pas empêché de passer un bon moment de lecture même si il fut un peu terrifiant par moment ! Mais c’était aussi le but de cette lecture…

Bonne lecture à votre tour et n’hésitez pas à me dire si vous avez tout compris à la fin…

Maêlle

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