Les couloirs démoniaques de Jean-Marc Dhainaut

   Ce quatrième et dernier volet – toujours publié au sein de la maison d’édition Taurnada – clôt la saga mettant en scène Alan Lambin, découvert dans La maison bleue horizon. Je dois dire que des quatre, le premier restera sans doute mon coup de cœur. Cet ultime opus remplit son rôle, nous permettant de poser une fin et de tirer le rideau sur les personnages que nous suivons depuis trois romans : Alan, son ami Paul et Mina. J’ai trouvé l’écriture mieux maîtrisée mais le style et l’histoire plus consensuel. Comme si l’auteur se conformait un peu aux classiques du genre. Cela n’enlève pour autant rien au plaisir que j’ai eu de les retrouver et de me plonger dans cette nouvelle enquête.

Jean-Marc Dhainaut : Les couloirs démoniaques - Zonelivre

Alan Lambin est appelé à revenir sur les lieux de l’ancien hôpital soufflé par un coup de grisou plusieurs décennies auparavant. Malgré sa volonté de rester éloigné de cet endroit qui le hante, il va se retrouver à devoir y retourner pour enquêter, une dernière fois.

   La décision prise par Alan dans le tome précédent, qui semblait irrévocable, est mise à mal suite à une rencontre que Paul a effectuée. Alan n’ayant rien révélé à ses amis de ce qui s’était produit lors de son expédition dans les méandres des sous-sols de l’hôpital, ces deux derniers restent perplexes tant face à ce mutisme que face à sa décision. Malheureusement, l’inquiétude qui va se lire sur les traits d’Alan Lambin va trouver un écho lors de leur venue sur les lieux et, Paul comme Mina, vont mieux comprendre les dangers qu’ils courent.

   Les personnages sont désormais comme de vieux amis que l’on retrouve. On s’attend aux réactions des uns et des autres. Le courage d’Alan, malgré ce qu’il sait, est bien mis en scène. L’auteur n’en joue pas trop mais montre bien que le chasseur de fantômes, ça reste lui. On sent une indéniable maîtrise dans les personnages ; les interactions entre eux sont fluides, cohérentes, équilibrées. C’est agréable. Ils accusent tous les trois le poids des ans ; ainsi même si Mina demeure la femme coquette que nous avons rencontré dès le début de l’histoire, j’ai aimé que parfois le souffle soit plus difficile à trouver, qu’une hanche fasse souffrir. Toutes ces petites choses apportent de la vraisemblance. Ce réalisme fait partie intégrante du style de l’auteur, tout du moins dans ce cycle.

   Ce tome clôturant la saga, il fallait évidemment qu’au-delà de la difficulté de l’enquête à mener, Alan retrouve son ennemi de toujours, Erwan le pseudo-médium-charlatan. L’auteur profite de cette rencontre pour amener un nouveau personnage, la petite amie du fils d’Erwan. On sent dès le début qu’elle sera la relève d’Alan, celle qui continuera ce que lui va arrêter. Car on le sait dès le début, ou en tout cas on le pressent : bien qu’on aimerait l’inverse, il n’y aura pas de suite. Alan Lambin raccrochera son borsalino à la fin de cette histoire. Alors cette jeunesse qui débarque dans le roman, c’est une façon de continuer à faire vivre l’idée que tout ce qu’a fait Alan Lambin n’est pas vain.

   Je disais au début que je trouvais que l’auteur tombait dans un dénouement un peu consensuel, je dirai surtout que lui qui, pour moi, détonnait au début en usant d’un personnage rationnel, scientifique, rigoureux, méthodique, se retrouve à utiliser des explications un peu faciles. Ce n’est pas une critique, disons que je m’attendais à autre chose comme explications, quelque chose un peu plus à la Alan Lambin ! Mais pour autant, je n’avais pas d’idée précise. Je me suis laissée porter par l’histoire et les explications. J’ai aimé même si je me suis dit que Jean-Marc Dhainaut aurait pu nous trouver autre chose concernant le fameux « démon ». Je ne peux en dire plus au risque de dévoiler l’histoire et surtout une partie de son dénouement, ce qui serait dommage pour les futurs lecteurs de la série.

   Ce que l’auteur n’a pas perdu, c’est aussi sa capacité à nous faire frissonner. Je dois dire que les descriptions sont toujours aussi bonnes et nous plongent irrémédiablement dans une ambiance… Particulière. Les lieux sont évidemment particulièrement bien choisis, un hôpital abandonné, une maison de retraite abandonnée, avouez que ceux ne sont pas des lieux que vous iriez visiter en pleine nuit (sauf pour vous faire peur, évidemment !) Ce tome m’a paru plus inquiétant que les précédents ou en tout cas, l’imaginaire usité a particulièrement bien marché sur moi. Je garde un souvenir assez marquant d’une lecture un soir seule chez moi dans mon lit, dans le noir et bien je n’en menais pas large !

   Cette série de quatre livres vaut donc le détour pour les amateurs du genre. L’auteur a un style plaisant, les histoires sont bien trouvées, les personnages attachants et si parfois il cède à un peu de facilité, l’ensemble est sincèrement de bonne facture. On le lit aisément et on passe un agréable moment. Nul doute que les rencontres avec Alan Lambin vont me manquer. Ses démonstrations pour démasquer les tours de passe-passe m’auront beaucoup marqué et je garde tout cela bien en tête pour le jour où je croiserai un chasseur de fantôme…

Bonne lecture !

Maêlle

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