Top Ten – Tome 1 Bienvenue à Neopolis – Alan Moore et Gene Ha

   Je m’aventure dans un genre tout à fait particulier qu’est celui du comics. Mon incursion fut brève mais j’en sortis avec un coup de cœur. A mille lieux de mes lectures habituelles, je me suis retrouvée dans le monde du comics après avoir vu le film V pour Vendetta que j’ai beaucoup aimé. J’ai lu en grande partie le comics à l’origine du film, mais j’ai eu toutefois le plus grand mal à apprécier les dessins de celui-ci… Néanmoins il faut croire que les idées torturées et tortueuses de Alan Moore, le scénariste, ont exercé sur moi une certaine attraction puisque j’ai décidé de récidiver avec la série Top Ten, dont il est également le scénariste mais cette fois c’est Gene Ha aux dessins. J’ai lu cette série la première fois, en édition avec couverture souple. J’avais beaucoup aimé, l’ambiance, le style, les cases saturées de couleurs, l’histoire… Bref, me voilà prise d’affection pour un comics que j’ai fini par acquérir il y a peu sous sa nouvelle édition avec couverture rigide toute belle, grâce à l’éditeur Urban Comics. Je vais tâcher de vous en parler, bien que cela ne soit pas aisé, je ne suis pas du tout dans un domaine que je maîtrise. Je vais donc en faire une appréciation à l’aune de ce que j’aime et de ce qui m’ a plu, je ne m’aventurerai pas à le comparer ou à le positionner au sein des comics qui est un genre tout à fait à part et identifié, avec ses fans et ses connaisseurs, bien plus à même de vous en parler en détails. Je pense notamment aux fans de DC Planet qui font un très bon travail (pour l’univers DC, la précision a son importance !) dans ce domaine et que je vous invite à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas. Mais ça ne m’empêche pas de vous dire ce que j’en pense…

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   Le comics a sa place au sein du monde des bulles au même titre que le manga. Cela reste un format bande-dessinée : des cases, des bulles et des dessins. Mis à l’honneur cette année au FIBD en étant nommé pour le grand prix (attribué à un autre américain), Alan Moore participe activement à nourrir le genre du comics. Je ne parle pas de l’homme qui semble un tantinet désagréable mais bien du scénariste que j’apprécie.

   Les Top Ten racontent l’histoire d’un commissariat dans une monde bien particulier… C’est un monde où se retrouve des individus tous dotés de pouvoirs ou d’équipements leur donnant un vague air de super-héros. Ainsi l’équipe est-elle constituée d’un chien intelligent et parlant doté d’un exo-squelette pour se tenir debout, d’une femme capable de passer à travers les murs, d’un extra-terrestre bleu haut de 2 mètres résistant à la radioactivité, capable de balayer une foule avec un rayon émanant de sa poitrine… Je m’arrête là, il n’y a que de cela. A foison. Et au final, on réalise qu’un monde peuplé uniquement de personnes dotées de pouvoirs revient au même qu’un monde peuplé de gens sans pouvoir : il faut une police, une justice, un gouvernement… Une société en somme. Les pouvoirs des uns servant à contrebalancer ceux des autres. Avec autant de pouvoirs et bien finalement c’est comme si il n’y en avait pas !

   On commence l’histoire en suivant Robyn surnommée « Coffre à jouets », qui vient d’arriver dans ce commissariat. On la met en équipe avec le fameux extra-terrestre bleu appelé Smax, dont le coéquipier vient de décéder. En terme de gentillesse et de chaleur (in)humaine on fait nettement mieux que ce géant bourru. Mais Robyn ne se laisse pas démonter. Au contraire, elle saura lui faire remarquer son manque d’amabilité… Le scénario développe plusieurs histoires entre serial-killer et enquête de routine. Je les ai toutes trouvées parfaitement menées, rien à redire à ce niveau. Alan Moore sait nous intéresser aux enquêtes, les faire durer sans pour autant nous lasser. Il faut dire que ce commissariat du 10ème n’est jamais en manque d’activité. Il y a toujours quelque chose à faire. Les enquêtes au long cours sont comme des fils rouges autour desquels l’équipe se retrouve, la montrant soudée et prête à en découdre pour faire la peau aux meurtriers et autres méchants du style. Le rythme est maintenu tout du long entre interventions rapides et enquêtes plus longues. Un délicat équilibre qui permet de mettre en scène les personnages régulièrement tout en préservant pour le lecteur une enquête plus travaillée derrière.

   J’ai beaucoup aimé l’immersion immédiate dans l’ambiance du commissariat. Il n’y a pas à dire, en une page et demie vous êtes dedans. Le plus long est de bien identifier les personnages, appelés tour à tour par leur prénom ou par leur surnom. Toutefois, ce premier tome est doté d’un récapitulatif bien utile auquel on peut se référer tout du long en cas de besoin. Et cela n’enlève rien à cette entrée en matière absolument remarquable. Quand j’ai commencé la lecture, je suis vite arrivée au stade « j’y suis, j’y reste » avec pour seule envie de tourner la page suivante. Hé oui, vous l’aurez compris, ce fut un coup de foudre littéraire. Entièrement immergée dans ce monde irréel et pourtant si facile à cerner, je les ai quittés pour mieux les retrouver à chaque fois. Bien qu’on suive Robyn, je ne me suis pas particulièrement attachée plus à elle qu’aux autres. C’est vraiment toute l’équipe qui devient de vrais collègues de boulot, on a l’impression de les avoir toujours connus. Cela contribue très certainement à cette sensation d’immersion. On entre pleinement dans ce monde dépeint par Alan Moore.

   Indéniablement l’aspect visuel joue un rôle prépondérant. Le dessin m’a plu, pas trop brouillon, fourmillant de mille détails, il est agréable à la lecture. La couleur met en valeur le dessin : présente en quantité, elle fait travailler l’œil du lecteur. Mais les repères visuels sont importants quand il s’agit de suivre une équipe. Ainsi, chercher Smax dans une bulle, revient à trouver un géant bleu. Rapide, efficace, on identifie rapidement les personnages qui sont toujours vêtus de la même manière… En même temps, Superman en combinaison violette et slip jaune, vous auriez du mal à le reconnaître, n’est-ce pas ? Et bien là c’est pareil, aux personnages collent une couleur, un vêtement qui le rend immédiatement reconnaissable. Cela facilite la lecture et va de paire avec la nature même des personnages.

   Les personnages d’ailleurs pour finir en quelques mots. Ils sont tous travaillés, dotés d’un caractère, d’une personnalité en lien avec le pouvoir, l’aptitude, l’équipement qu’ils possèdent. On s’attache à tous et on a des préférences selon les affinités que l’on peut avoir. C’est une véritable équipe avec tout ce que cela implique : des amitiés, des dissensions, des engueulades mais toujours de l’entraide. Les caractères de chacun se percutent, se mêlent pour donner dans l’homogénéité d’une équipe, l’hétérogénéité des êtres qui la compose. Là encore, il y a un bel équilibre entre la complicité entre eux et les coups de nerfs.

   Je crois que la force de ce comics réside dans sa qualité sur tous les pans qui me semblent essentiels : scénario, personnages, aspect visuel. C’est parce que je m’y suis retrouvée sur l’ensemble que j’ai apprécié le découvrir, le lire et – fait exceptionnel – le relire. On m’a récemment conseillé de lire Fairest qui pourrait effectivement me plaire de par le thème qu’il aborde. Je tenterai mais après avoir lu… Le tome 2 de Top Ten que j’ai acquis, of course !!

Bonne lecture !

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