London Bone – Mickaël Moorcock

Un nouveau recueil de la maison d’édition ActuSF dont le titre est à l’image des nouvelles qui se trouvent à l’intérieur : loufoque, improbable, intriguant. Composé de quatre nouvelles toute écrites par Michael Moorcock, ce recueil fut une véritable découverte de l’auteur dont je ne connaissais absolument rien. Alors que l’image qui orne la couverture me semble assez glauque (un tas d’os, ça vous inspire pas un charnier à vous ?…) il en va différemment quand je retourne l’ouvrage. La quatrième de couverture augure de la science-fiction plutôt sympa et suscite vraiment mon intérêt. Au moins autant que les conseils de celui qui a eu la bonté de me le prêter. Bon trêve de blablatages intempestifs, voyons ce qui se trouve à l’intérieur de cet OLNI* !

Nous voilà partis à la lecture de quatre nouvelles dont la plus courte est composée de 18 pages et la plus longues de 34 pages. Nous sommes vraiment dans le plus pur style de la nouvelle : un décor posé en quelques lignes, une immersion complète et rapide dans le monde créé. Michael Moorcock détient indubitablement les ficelles de la nouvelle. Sans avoir eu de « coup de cœur » véritable sur une nouvelle en particulier, j’admets néanmoins que son style fluide est très agréable à lire. J’ai beaucoup apprécié sa capacité à vous mettre dans le bain en quelques lignes. C’est un atout indispensable à mon sens pour un novelliste. L’absence d’attrait particulier pour l’une des histoires est, je pense, tout simplement dû aux thèmes abordés qui ne m’ont pas toujours plu. Nous sommes dans une science-fiction plutôt sombres. Sans être pour autant totalement déprimante ou gore, elle met parfois un peu mal à l’aise et surprend par la noirceur du propos tenu. Disons que dans le cadre de nouvelles, j’ai tout de même pu apprécier. Ce qui en roman, m’aurait certainement beaucoup moins attiré.

  • Le cardinal dans la glace : l’auteur opte pour un récit épistolaire à sens unique : nous ne lisons que les lettres envoyées par une femme à l’homme qu’elle aime. Elle est actuellement en mission sur une planète étrange, qui ne porte aucune trace d’aucune sorte de civilisation. Elle est impatiente de rentrer, semblant regretter son choix jusqu’à la découverte étrange d’un cardinal prisonnier de la glace…

Le décor de la planète est posé au travers des descriptions que la jeune femme rédige dans ses courriers. Le style épistolaire implique de n’avoir qu’un point de vue et une description subjective et partielle des événements ce qui ne nuit en rien dans ce récit. Car cela permet par contre de donner des explications quant aux événements décrits au travers des réflexions du personnage principal…

  • L’Os de Londres : Raymond Gold fait une étrange découverte avec un associé : l’Os de Londres que l’on peut trouver dans le sous-sol de la vieille cité. Il pense avoir trouvé ce qui va faire sa fortune mais le chemin sera long et difficile et risque de peut-être l’emmener à l’opposé de ce qu’il espère…

Difficile de situer le déroulement de cette histoire. Nous comprenons que c’est la nouvelle qui donne son titre au recueil (c’est la plus longue également). Londres demeure la ville que nous connaissons mais il est difficile d’en dire beaucoup plus quant à l’époque notamment. Dans ce type de récit, cela a peu d’importance au final. Je garde un souvenir de bar discret, de lieux feutrés, de discussions chuchotées. C’est une histoire où cupidité, moral, fortune et revers se mêlent au gré des événements racontés. Originale dans la création de cette « richesse » du sous-sol londonien, le reste de la nouvelle ne m’a pas tant emballé que ça… Peut-être est-ce trop… Courant, de nos jours ? Allez savoir.

  • Un samedi soir tranquille à l’Amicale des pêcheurs & chasseurs surréalistes : Réunion au sommet, la Mort annonce que Dieu va venir pour répondre aux questions que les gens présents dans le bar des étrangers de l’amicale sus-nommée. Mais il faut bien réfléchir aux questions à poser, Dieu appréciant les questions pertinentes.

Pour être surréalistes, c’est surréalistes… Imaginez un instant que Dieu débarque dans le bar où vous sirotez tranquillement votre boisson (au choix entre alcoolisée ou non, froide ou chaude). Ça créée quelques remous dans l’assemblée vous en conviendrez. Bon finalement, Dieu il n’est pas si terrible que ça, sauf que son discours est totalement, carrément, entièrement défaitiste. Je lui ai trouvé un côté très apocalyptique (la fin du monde est pour dans deux jours, je grossis le trait hein, je ne vais pas tout vous dévoiler avant sinon ça susciterait moins votre intérêt pour le lire) qui mettrait presque mal à l’aise. Cela est en partie compensé par le côté « philosophique » des dialogues : le pardon, le repentir entre autres notions abordées. J’ai bien aimé l’ambiance mise en place, les personnages qui gravitent autour du « je » mais le discours de ce Dieu m’a quelque peu refroidi dans mon élan d’enthousiasme…

  • Le jardin d’agrément de Felipe Sagittarius : l’enquêteur métatemporel Minos Aquilinas est appelé à résoudre un meurtre commis dans le jardin du chef de la police de Berlin, Otto Von Bismarck. Ce jardin est aussi étrange que son jardinier, et recèle des secrets bien pire que ceux contenus dans les plantes.

Appréciant le genre policier, j’avoue que cette nouvelle m’a beaucoup plu ! Une uchronie* bien ficelée. J’avoue avoir eu du mal à cerner ce fichu jardinier, on ne sait pas trop qui soupçonner et l’enquête, qui tient au final sur 20 pages est rondement bien menée.

Des histoires différents, toutes marquées du sceau de la science-fiction mais également par l’originalité indéniable des idées. Avant-dernière chronique dans le cadre du challenge de Lune, je poursuis en tâchant de découvrir des auteurs qui me sont inconnus afin de joindre l’utile à l’agréable. Au delà d’explorer le style de la nouvelle, j’aurai fais grâce à ce challenge d’agréables rencontres littéraires au travers des différents ouvrages !

Bonne lecture !

* Objet Littéraire Non Identifié

* Uchronie : Reconstruction fictive de l’histoire, relatant les faits tels qu’ils auraient pu se produire. (Source : Dictionnaire Larousse)

Ce recueil a été lu dans le cadre du challenge JLNN de Lune !

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