Fées dans la ville – Recueil de nouvelles

   Je me suis laissée tenter par un petit recueil de nouvelles édité chez ActuSF prêté par Lintje. Une anthologie dirigée par Anne Fakhouri dont le nom ne m’était pas inconnu. Le titre du recueil ne pouvait que m’inspirer « Fées dans la ville » qui m’a tout de suite fait penser à la chanson de Zaz contant sa rencontre avec une fée.

   J’imaginais des fées dissimulées à nos yeux dans des objets du quotidien, à la périphérie de notre conscience. Bon, pour le coup, mon idée a été quelque peu douchée puisque j’ai eu du mal à trouver les fées dans le panel de nouvelles proposées !! Cela n’enlève rien à la qualité des écrits du recueil ni à l’intérêt qu’ils peuvent susciter. J’ai seulement eu du mal à faire le rapprochement entre le titre et le contenu. Un détail vous allez me dire. C’est pas faux. On peut en faire abstraction. 165 pages pour 8 nouvelles.

 fées

  • Magie verte de Jack Vance. Un magicien va chercher absolument à savoir ce qu’est devenu son oncle dont il a découvert un carnet avec le résultat de ses recherches. Carnet qui parle notamment de Magie Verte.

    L’auteur m’était totalement inconnu et j’avoue avoir eu beaucoup de mal à accrocher à son style… Le propos m’a semblé parfois un peu complexe et le sens difficile à trouver. L’avantage indéniable du format de la nouvelle c’est qu’il est aisé de poursuivre : nous savons qu’il n’en reste plus pour très long !! Je ne garde donc pas un souvenir marquant de cette histoire qui n’a que peu éveillé mon intérêt de lectrice pourtant amatrice de fantasy.

  • Le mur des Lilas de Tony ‘Nym’ Robillard : une petite fille vivant avec son grand-père, d’une pauvreté extrême, va voir s’ouvrir à elle un monde dont elle ignorait tout. Un monde qui s’éveille quand les autorités envisagent de détruire l’immeuble où elle avait trouvé refuge avec son grand-père. Un immeuble avec un mur bien particulier…

    Celle-ci fut par contre un coup de cœur ! J’ai vraiment trouvé la magie à laquelle j’aspirais en ouvrant ce recueil : une magie dans la rue, une magie que l’on croise sans voir. Celle qui se dissimule et que seuls quelques initiés peuvent apercevoir au détour d’un chemin. Tout en douceur et en tendresse, cette nouvelle s’adresse à l’âme d’enfant de tous les lecteurs.

  • A la croisée de Eric Holstein : l’auteur nous explique comment les stars du blues le sont devenues…

    Une plongée dans le monde du blues originale et bien écrite. On entend presque les cordes de la guitare, le son de l’harmonica, la voix grave du chanteur… Tout y est. Toute simple, cette nouvelle fait se rencontrer deux mondes différents : celui de la musique traditionnelle et les nouvelles technologies pour un résultat inattendu mais bien ficelé.

  • Le sceau d’Alphonse de Jeanne-A Debats : Tafa travaille dans le bar d’Alphonse. Mais voilà qu’Alphonse fait une sacré découverte dans la cave de son bar. Découverte qui va l’amener à aller faire un tour dans un camp de gens du voyage et découvrir tout un monde qu’il ignorait.

    Voilà une auteur qui ne m’était pas inconnue et pour laquelle je développe une certaine affection au gré de mes lectures ! J’ai beaucoup aimé cette histoire, totalement, parfaitement imbriquée dans le paysage urbain. J’aime cette idée de me dire que des personnes pourraient gérer dans notre dos deux trois soucis avec des forces qui nous dépassent… Et puis les personnages sont extrêmement attachants, de par leur gentillesse et leur spontanéité. Longue de 41 pages je pense que c’est la plus longue des nouvelles du recueil. J’en garde un souvenir marquant.

  • L’histoire commence à Falloujah de Karim Berrouka : la rencontre entre une femme et un djinn durant la guerre.

    Cette nouvelle m’a envoûté. Le thème n’est pas aisé, la guerre n’étant pas un sujet facile. J’ai trouvé cette nouvelle profondément douce, presque poétique. D’ailleurs la violence de la guerre contraste profondément avec la bulle protectrice dans laquelle évolue nos 2 protagonistes. Et c’est deux mondes qui s’affrontent, la vision du djinn quant à l’attitude des humains… Tout cela est aussi triste et mélancolique. Mais cela est dit avec tact et pudeur et surtout avec beaucoup d’humanité. Car malgré la violence et le désespoir qui animent le djinn, je garde le souvenir d’un profond message… D’espoir. Pour moi, un vrai coup de maître, un auteur qui me donne envie de le lire à nouveau.

  • J’veux un dragon de Olivier Getcher : Martine Blois demande à sa fille ce qu’elle veut pour son anniversaire. Comme à chaque fois elle demande l’impossible. Cette année Juliette demande un dragon. Et c’est la comédie quand on lui explique que ça n’est pas possible. Juliette est convaincue que les dragons existent, alors pourquoi elle ne pourrait pas en avoir un ? Et si Juliette avait raison ?

    Enfantine, presque puérile, cette nouvelle m’a fait beaucoup sourire. L’idée de base est suffisamment originale pour accrocher le lecteur. Et par la suite, on rit des déconvenues de la petite fille. Le regard posé sur l’histoire est à la hauteur de l’âge de l’enfant. On s’attend évidemment à une fin assez catastrophique pour laquelle l’auteur dévoile des trésors d’idées…

  • La fée du miroir de Marie-Lé Camille : Sarah n’aime pas le regard du voisin sur elle. Mais sa mère ne voit pas où est le problème. C’est alors qu’apparaît dans le miroir de l’enfant une fée qui va venir veiller sur elle…

    Une très belle histoire qui mêle la réalité et un de ses aspects les plus sordides : la pédophilie. Dès le départ, l’auteur nous fait ressentir le malaise éprouvé par la jeune héroïne. On comprend très vite ce qu’il en est au sujet de cet homme pour lequel nous ne parvenons pas à ressentir la moindre empathie… Toutefois l’auteur parvient à nous montrer le côté « maladif » de cet homme. Ce qui n’atténue pas pour autant les faits et qui n’amoindrit pas la gravité de ses pensées et le dégoût qu’elles engendrent. La fée est tout simplement géniale dans sa manière d’intervenir et d’être auprès de l’enfant. Une bonne fée qui veille sur son enfant comme tous les parents souhaiteraient en avoir. Et on les comprend.

  • Fée des râles de Laurent Fétis : un homme raconte sa soirée au bar et sa rencontre intense avec une femme qui lui en fait voir de toutes les couleurs… Une femme qui va révéler une véritable nature pour le mo ins surprenante.

    Une nouvelle atypique, inclassable de par sa grande originalité. Décousue mais parfaitement cohérente et compréhensible, elle nous emmène dans un monde où l’on discerne difficilement la réalité de la fiction. Une espèce de spirale qui entraîne notre homme toujours plus ou devrai-je dire, toujours plus haut. Une nouvelle qui m’a paru tourbillonnante, bien écrite.

   Un recueil qui comporte des nouvelles de grande qualité indéniablement. Certains auteurs usent du style de la nouvelle pour faire des récits forts, qui nous touchent. Bien qu’inégal, ce recueil m’a enthousiasmé et j’en garde un très bon souvenir. Loin de ce que le titre peut nous laisser augurer, ce recueil est pourtant bien pétri de fantasy… C’est l’essentiel me direz-vous.

   C’est donc une très bonne lecture qui conforte mon opinion de certains auteurs tel que J-A Debats, et qui m’en ont fait découvrir de nouveaux. C’est toute la richesse d’une anthologie et tout son intérêt.

   Un recueil qui m’a donné envie de devenir comme la fée du miroir, une fée pour veiller sur un futur « bou’d’chou » que j’aime d’avance et qui ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Avec de telles histoires, je sais pouvoir compter sur les fées pour m’aider à y arriver.

Bonne lecture !

Ce recueil a été lu dans le cadre du challenge JLNN de Lune !

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