La Lune Noire d’Anaïs Cros

   La suite tant attendue des « Lunes de Sang » d’Anaïs Cros a été un véritable régal littéraire loin de mes dernières déceptions ! J’ai tout simplement autant aimé cette suite, intitulée « La lune noire », que le premier tome et je l’ai terminée en me demandant « A quand la suite ? ». Fan de fantasy appréciant également le polar je suis totalement comblée par l’histoire mise en place par l’auteur. Loin de s’embourber dans une copie simple de notre Sherlock Holmes, Anaïs Cros parvient avec brio à donner à Listak un style bien à lui (ainsi que pour Evrahl). Indépendant de son modèle qui l’a inspiré, Listak devient un héros à part entière auquel on s’attache pour ce qu’il est et non pour ce à quoi il ressemble. Exercice difficile mais parfaitement réussi par l’auteur.

Listak, Evrahl et Amhiel se remettent doucement des derniers événements subis lors de leur précédente grosse enquête. Quelques cycles sont passés quand soudain le Roi Torn fait convoquer les trois compère en son palais. Une fois sur place on leur apprend la mort d’un des plus grands personnages du Royaume, au sein même de l’enceinte du Palais. Qui a pu accomplir un tel exploit ? Et pour quelles raisons ? Torn charge Listak et ses deux associés de résoudre cette énigme qui va les conduire dans de nouvelles péripéties tout aussi dangereuses que les précédentes…

   Listak se retrouve de nouveau confronté à son ennemi implacable et cruel découvert dans Les lunes de Sang. Un nouvel affrontement que j’appréhendais. Je craignais la redondance entre les deux tomes : même héros, même ennemi. C’était sans compter sur l’imagination fertile de l’auteur ! Elle nous happe dans une nouvelle enquête haletante et bien ficelée, loin de la précédente tout en était sa suite. On ne revit pas la même aventure ! Deux choses m’ont marqué : le contexte de Lunargent qui joue beaucoup et la découverte des personnages. A commencer par Listak.

   Alors qu’Anaïs Cros nous laisse littéralement sur notre faim lors du premier tome, dans ce second opus elle nous gâte de renseignements sur notre mystérieux détective. Tellement impatiente de savoir tout cela, j’ai pris le temps de savourer les quelques pages qui lèvent le voile sur le « mystérieux » Listak. Un vrai régal de généalogie compliqué comme on les aime ! J’ai trouvé que cet apport sur Listak nous permettait de mieux comprendre celui-ci mais on n’excuse pas pour autant toutes ses sautes d’humeur !!

   Ce livre entre beaucoup plus encore dans « l’observation » des personnages. Je m’explique. Dans le premier tome, Anaïs Cros déroulait les conflits intérieurs qui déchiraient notre narrateur, à savoir Evrahl. Dans ce second tome, celui-ci commençant à faire la paix avec lui-même et ayant appris à mieux décrypter Listak, nous entraîne dans le (voir les) conflit(s) qui habite(nt) notre détective favori. Ca fait du bien de voir un Listak pas totalement invincible et doté d’un cœur qui peut parfois l’amener à trahir ses sentiments qu’il tient absolument à cacher. Evrahl n’est toutefois pas en reste avec la montée du racisme à l’égard des nains au sein de Lunargent. Avec beaucoup de tact, l’auteur nous montre la montée en puissance de cet abject sentiment et les conséquences pour les victimes de celui-ci. On constate, impuissant, la maladresse du Roi Torn à concilier les peuples de sa Cité, sa tentative d’enrayer la haine qui monte à l’égard de ce peuple qui demeure un allié du Royaume de Mortelune. A travers les yeux d’Evrahl, nain mais également connaissance du Roi, un peu « à part » car vivant loin des siens y compris dans la Cité, on comprend comment cette haine est entretenue notamment par la mauvaise interprétation des gestes des uns et des autres. Sans compter l’évident manque de courage de certains qui nous met en rogne. L’auteur décrit vraiment très bien l’ambiance oppressante qui règne dans la Lunargent, emplie d’un rejet injustifié à l’encontre d’un peuple qui a pourtant combattu à leur côté durant la guerre. Ce thème du racisme est fort et très présent tout au long du tome, aussi intéressant que l’intrigue en elle-même.

   Aux côtés du demi-lunaire excentrique et du nain opprimé, notre douce Amhiel contraste. Omniprésente mais en retrait, elle n’en reste pas moins un personnage essentiel qui conserve son importance. Elle est toujours aussi patiente et courageuse quoique plus affirmée face aux deux autres. Ca fait du bien de la voir répondre du tac au tac particulièrement à Listak, et de lui clouer le bec. On aimerait que sa place soit encore un peu plus importante…

   On ne peut avoir lu ce livre et ne pas avoir remarqué que le fou prend une place de plus en plus conséquente, pour ne pas dire gigantesque. Pour ceux qui ont lu « L’Assassin Royal » de Robin Hobb, on ne peut que constater la ressemblance entre les deux. Anaïs Cros elle même admet s’en être inspirée dans une interview donnée à Psychovision. Ce fut une grande et bonne surprise que de voir ce personnage original prendre de l’ampleur. Après avoir quelque peu apaisé notre curiosité concernant Listak , voilà qu’Anaïs Cros rebondit avec le fou et nous sert un nouveau mystère à rogner… Je ne vous explique même pas l’envie qu’on a d’en savoir beaucoup beaucoup plus, mais ne rêvons pas, comme pour Listak va falloir patienter surtout avec la suite qui se prépare.

   L’auteur rebondit également au niveau de l’histoire. Quand j’ai découvert le déroulement de l’intrigue principale du livre, je me suis dis « Avec le tome 3 ça va être reparti pour un tour… » Bien que j’aime beaucoup, je craignais que ça ne soit un éternel recommencement. Que nenni ! Anaïs Cros utilise habilement l’intrigue politique liée aux nains pour repartir dans une autre direction qui augure un troisième tome passionnant et riche en péripéties pour nos héros ! Nous restons sur notre faim tenaillée par l’envie de savoir la suite.

   Je pense pouvoir dire, « nous comptons » sur les éditions Lokomodo pour une sortie au mois de mai comme l’espère Anaïs Cros dans son interview ainsi que sur son blog sur lequel elle a déjà mis la très belle couverture du tome 3 de Michel Borderie

La présence seulement d'Evrahl et d'Amhiel et le titre nous laisse imaginer bien des choses...

Pattttttiiiienccce et bonne lecture en attendant ! J’invite évidemment ceux qui ne connaissent pas la série mais qui aiment la fantasy à se jeter dessus et à la dévorer… Si vous n’êtes pas convaincus par ma chronique, je vous invite à lire celle d’Acro et Olya !

2 réflexions sur “La Lune Noire d’Anaïs Cros

  1. Olya 8 mars 2012 / 11 h 49 min

    Hannn ! La couverture du tome 3 ! Elle contraste vraiment avec les autres. Déjà, il n’y a pas Listak. Mais en plus, elle est bien moins sombre que les deux autres. Et tu as raison, le fait qu’il n’y ait pas Listak, ça fait fonctionner mon imagination à foooond !

    Sinon, j’adore Sel, c’est mon personnage préféré je pense. Et c’est vrai qu’il ressemble au fou de Hobb, qui est d’ailleurs l’un de mes personnages préférés dans l’Assassin Royal 😀

    Je vais aller lire l’interview que tu as linké 🙂

    • Maêlle 8 mars 2012 / 11 h 59 min

      C’est clair elle contraste beaucoup et nous met les méninges de l’imagination à rude épreuve !! Ca va fumer jusqu’en mai (en espérant que les délais soient tenus)

      Sel est un vrai mystère qui me plaît bien mais je vais rester très classique en disant que je préfère Listak, de tous les personnages. Il est tellement peu consensuel qu’il me plaît bien !
      Dans l’Assassin Royal, même si le fou est très sympa je reste sur Vérité en personnage favori (je n’ai pas lu la totalité de la saga, seulement les 6 premiers tomes).

      Cette interview… Quand je l’ai lu j’ai fais des bonds tellement j’étais contente de savoir qu’il y avait une suite qui ne tarderait pas indéfiniment à sortir !!!

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