Arlis des forains de Mélanie Fazi

   Voilà encore une « victime » de ma folie e-bookesque lors de l’opération Bragelonne dont j’ai parlée à plusieurs reprises. J’ai déjà eu l’occasion de lire Mélanie Fazi à travers plusieurs recueils littéraires (je pense notamment à l’anthologie SFQ mais aussi Serpentine que j’ai lue mais pas chroniquée – ce qu’AcrÖ a fait par contre !) Elle est aussi la traductrice de Lisa Tuttle dont j’ai lu Ainsi naissent les fantômes. Certaines de ces nouvelles m’ont marqué et me sont restées en tête malgré le temps qui passe et les livres qui s’accumulent.

   Je n’ai jamais caché apprécier la plume de Mélanie Fazi en tant que novelliste. Alors l’idée de la découvrir romancière avec son livre Arlis des forains ne pouvait que me tenter ! Je suis ressortie de ma lecture (qui m’a accompagné sur le voyage du retour de vacances d’été) mitigée. Je n’ai pas été totalement emballée par l’histoire.

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Arlis est un jeune garçon qui a grandi et a été élevé au sein d’une troupe de forains. Ses origines sont floues malgré les questions qu’il a posées tout au long de son enfance. Il a 11 ans quand la troupe arrive dans la petite bourgade de Bailey Creek. Là il fera la connaissance de Faith, la fille du pasteur avec laquelle il va se lier d’amitiés. Elle va l’entraîner derrière elle, dans ses histoires où il est difficile de discerner le vrai du faux. Arlis va voir sa vie bouleversée.

   Si Arlis apparaît comme un gamin attachant, Faith m’a littéralement donné de l’urticaire. Je l’ai trouvée très manipulatrice, méchante et perverse. Une gamine dont on préférerait qu’Arlis ne s’approche pas trop. C’est donc l’exact inverse qui va se passer. Arlis va trouver dans cette jeune fille pleine d’audace, de fougue et de courage une nouvelle compagne de jeu. Lui qui vit au quotidien avec des adultes, dont Emmett, le chef, Lindy, celle qui l’a recueilli, Jared le cul-de-jatte et des animaux de cirque dont un ours et des singes, a l’opportunité de se lier avec une enfant de son âge. Arlis, ce qui lui fait envie, ceux sont les maisons douillettes des autres enfants dans les villages qu’il traverse et l’école.

   Les stéréotypes sur les forains distillés tout au long du récit font mouche. Il est vrai qu’encore aujourd’hui ce monde est auréolé d’un mystère qui nourrit les fantasmes les plus absurdes des personnes extérieures comme vous et moi. Alors Faith nous paraît plutôt ouverte d’esprit en venant jouer avec Arlis. Mais on découvre en réalité que ça n’est pas tellement gentil. Plutôt calculé. Alors certes, elle a elle-même vécu des choses difficiles et l’on peut entendre sa douleur d’enfant. Toutefois cela n’excuse pas tous ses comportements à l’égard d’Arlis. Ce dernier demeure un personnage stable et attachant tout du long. C’est ce qu’il y a autour qui m’a paru parfois (trop) long.

   Les rituels auxquels Faith l’initie m’ont paru parfois ne plus en finir. L’errance du jeune garçon à la fin m’a là encore, semblé un peu trop longue. Quant aux rapports entre Emmett et Lindy, on en vient à se demander si Mélanie Fazi nous croit trop niais pour ne pas comprendre ce que le jeune garçon a du mal à déchiffrer. A savoir qu’ils sont tout simplement amant mais avec des difficultés propres aux adultes qu’un enfant comme Arlis ne peut comprendre. D’autant qu’on ne lui explique rien.

   Notre intérêt se réveille un peu quand Arlis commence à solliciter tout à chacun pour connaître l’histoire de ses origines. Il se doute bien qu’il y a quelque chose de pas net dans tout cela mais il ne parvient pas à saisir de quoi il s’agit. Jusqu’à ce qu’il comprenne et que tout lui soit révélé. Concomitamment, l’environnement d’Arlis s’étoffe d’une aura de fantasy bienvenue pour relancer le récit. En ce domaine, on retrouve les qualités de Mélanie Fazi pour nous plonger dans un univers surprenant.

   Néanmoins, globalement, ce que je ressors de ma lecture, c’est que j’ai trouvé l’histoire trop longue. Un peu trop étirée. Comme si l’auteur cherchait à découvrir ce que cela faisait de développer une idée plus avant que dans une nouvelle. Néanmoins la concision et la précision de l’auteur conviennent davantage à ce dernier style. J’ai trouvé qu’on partait dans trop de considération, notamment avec Lindy et Emmett, des passages qui m’ont quelque peu lassé.

   Je ne suis pas vraiment déçue de l’auteur, on retrouve certaines caractéristiques de sa plume atypique et agréable. Mais je ne suis clairement pas convaincue par elle dans ce roman, sympa mais pas aussi percutant que ses histoires courtes dont je garde un souvenir plus puissant.

Bonne lecture,

Maêlle

3 réflexions sur “Arlis des forains de Mélanie Fazi

  1. Linetje 24 octobre 2016 / 19 h 12 min

    Je suis complètement d’accord avec toi sur le ressenti du bouquin. J’en suis restitue avec un avis assez mitigé alors même que l’univers m’attirait beaucoup.

  2. Acr0 24 octobre 2016 / 22 h 12 min

    Avant de lire ta chronique, ce n’était pas un de ses écrits qui m’attiraient ; il m’en reste d’autres à découvrir. Et comme tu le soulignes, d’autres récits de Mélanie Fazi peuvent te plaire 🙂

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