Ysabel de Guy Gavriel Kay

   Dans la douceur d’une fin de journée de printemps, en Provence, là où les cigales chantent quand le beau temps devient chaleur, GGK nous emmène à la rencontre de l’Histoire. La nôtre, celle du monde, celle qui est passée, celle à venir. Laissez vous envahir par la force qui émane des ruines autour de la ville d’Aix en Provence. Une fois que vous avez vu ce bout de France à travers les yeux de l’auteur, tout change. Ca donne envie d’aller là bas et de se laisser porter par la richesse de ce pays qu’est le mien.

=> Ned accompagne son père, célèbre photographe, en Provence où celui-ci vient réaliser des clichés pour illustrer une histoire de cette région. Il ne peut rester seul au Canada, sa mère est partie en mission humanitaire. Le voilà donc à découvrir Aix en Provence aux côtés de son père mais aussi de ses assistants. Et surtout de son assistante, Mélanie, qui tente d’avoir toujours une pensée pour lui, ce qui a le don de l’exaspérer. Classique quand on est ado et qu’on a toujours quelqu’un sur le dos. Mais son quotidien va se trouver bouleverser quand il va rencontre Kate, une américaine qui fait ses études en France, et un homme inconnu dans une chapelle. Et puis Mélanie va disparaître… Autant d’événements qui vont propulser Ned dans une histoire vieille de plusieurs millénaires où il n’est pas sur d’avoir sa place.

GGK nous emmène donc en voyage en France, dans le sud de celle-ci, dans la région de Provence. Je ne connais absolument pas cette région dont l’auteur fait, comme il sait si bien le faire, un lieu enchanteur. Où la magie et l’histoire de mêlent pour nous donner du rêve. Où du coup, nous avons envie de nous précipiter pour voir les lieux qu’il décrit avec détails.

   Dès le début j’ai senti que ce GGK serait différent. Déjà la critique de Lintje m’avait poussé à m’y attendre. Mais là il est clair, la différence est présente. Tout d’abord par la facilité avec laquelle je suis entrée dans le livre. Pour ceux qui ne connaissent pas GGK, ses livres donnent l’impression de devoir aller dans un bain d’eau froide sans transition. Vous êtes directement projeté dans un monde, une ville, à travers les yeux d’un personnage dont vous ne connaissez rien. On met souvent du temps à prendre ses repères, à se poser dans ce monde qu’il dévoile sous vos yeux avides de lecteur. Quand vous y êtes, c’est trop tard, vous ne pouvez pas repartir. Ysabel se différencie là dessus car il est très facile de rentrer dedans. Est-ce le personnage principal qui est un adolescent qui facilite les choses ou tout simplement un léger changement de style dans l’introduction ? Je ne sais pas mais peut-être l’habitude prise de le lire m’a facilité les choses. Mais rien ne change pour la suite : une fois happée dans l’histoire, impossible de s’en défaire !

   Comme toujours, me voilà baladée par les sentiments du personnages principal, ses premiers émois d’adolescent, la lourde responsabilité qui pèse sur ses épaules. Mais comme à son habitude GGK soigne les personnages secondaires : le père de Ned m’a beaucoup plu, sa difficile appréhension d’une réalité qui le dépasse, la volonté de rester le père de son enfant tout en devant lui demander quoi faire. Une position difficile que l’auteur restranscrit avec brio. Sa mère rationnelle et terre à terre dénote dans le paysage surtout après l’apparition de la tante.

   Prévenue par Lintje, je n’ai guère mis de temps à comprendre que tante Kim aux cheveux blancs était la Kimberly de la Tapisserie de Fionavar. Un retour aux sources pour cet auteur quand on voit les similitudes entre les deux oeuvres : un adolescent projeté au coeur d’une histoire dont il ne saisit pas les tenants et les aboutissants mais dans laquelle il sait qu’il a un rôle. Une histoire teintée de légende qui plus est se déroulant dans notre époque mais durant depuis des siècles. On retrouve beaucoup des ingrédients de sa fameuse trilogie. Et pour les amateurs, ça n’est pas pour déplaire.

   Il est clair qu’Ysabel est très loin des Lions d’Al Rassan ou de Tigane. Ne vous attendez pas à ce genre de livre en ouvrant le dernier roman de GGK. Malgré des recherches que je devine importante et méticuleuse, Ysabel donne l’impression que l’auteur relâche la pression. Il prend le temps d’écrire un petit livre dans un univers et avec un style qu’il connaît bien puisque c’est ainsi qu’il s’est fait connaître. Ysabel, c’est un peu la cerise sur le gâteau constitué par les précédents livres de l’auteur. Un petit en-cas, un amuse-gueule qu’on prend plaisir à déguster mais qui nous permet à peine de patienter jusqu’à la prochaine sortie de roman…

Bonne lecture en tout cas !

Lecture faite dans le cadre du challenge de Merkillia

Officieusement j’ai lu tous les GGK, officiellement dans le cadre du challenge, il me manque Le dernier Rayon du Soleil que je n’ai pas chroniqué et que j’essaierai de relire… Mais comme il y a plein plein de livres que j’ai envie de lire, j’ai du mal à me pousser à en relire certains !!! Heureusement le challenge est à durée illimité…

Sur le site officiel de GGK, vous pouvez constater qu’est prévu Under Heaven… Nous attendons avec impatience la traduction et l’édition au moins francophone (dans la même maison d’édition où Ysabel a été publiée) et on regrette que GGK soit canadien plutôt que québecois !!!!

9 réflexions sur “Ysabel de Guy Gavriel Kay

  1. Lintje 9 août 2012 / 10 h 19 min

    Oh oui GGK, pourquoi n’es tu pas québécois !!!!!!
    En tout cas tout a fait d’accord avec ta critique. GGK nous donne pleinement envie d’aller en Provence (lieu qui jusque là ne m’intéressait pas plus que ca…)
    Concernant Kim, pour ceux qui n’auraient pas lu la Tapisserie de Fionavar, je trouve que ce n’est pas évident. On comprend que Kim a vécu quelque chose mais à aucun moment il est expliqué quoi.
    J’ai la même impression que toi pour ce roman, il est très sympa à lire mais avec peut être moins d’intensité que dans ses autres romans (est ce aussi le choix du lieu? Je ne sais pas). Et à la différence de ses autres romans, il y a beaucoup moins de personnages, l’histoire se passe en groupe fermé alors que dans les autres, ils y a souvent des incidences nationales avec des conflits entre plusieurs groupes de personnes. Je pense que cela joue dans la complexité du roman.
    Mais à lire pour les fan de GGK et de la tapisserie de Fionavar!

    • Maêlle 13 août 2012 / 8 h 38 min

      Il est clair que là l’intrigue se déroule à peu de personnages, en huis clos quasiment sans répercussion sur le monde en général. Ysabel est moins profond, moins complexe et peut-être moins riche en terme d’imagination que les précédents mais la plume est toujours là.

      Quand à Kim… Il est vrai que pour ceux qui n’ont pas lu Fionavar ça peut être déroutant, mais je pense qu’un tel lecteur pourrait imaginer qu’elle ait vécu la même chose que Ned. C’est loin du compte mais ça laisse bien penser que c’est une expérience un peu « magique ».

      Nous verrons ce qu’il nous réserve pour la suite !

  2. Acr0 9 août 2012 / 23 h 34 min

    Dis donc, tu donnes envie 🙂 on me l’a offert il n’y a pas très longtemps, j’espere bientôt le lire. J’ai moi aussi lu beaucoup de GGK pour le challenge (il manque aussi celui de Tigane) mais je n’ai rien chroniqué :/

    • Maêlle 13 août 2012 / 8 h 40 min

      AcrÖ je ne te reconnais pas à ne pas chroniquer !!! Surtout du GGK !! 🙂
      Tigane, avec le recul, est,je pense, mon préféré.
      Ysabel est loin de celui-ci et même des précédents comme Les lions d’Al Rassan. Mais ça vaut le détour 😉

      • Acr0 13 août 2012 / 10 h 40 min

        Naaaan, ne me tapes paaaas. J’ai beaucoup de mal à chroniquer car c’est sans doute mon auteur préféré. Je n’ai jamais chroniqué la tapisserie de Fionavar par exemple alors que c’est sans doute les livres que j’ai (re)lus le plus souvent dans ma vie. Oui, il y a une fracture mais comme tu le dis, il a voulu se faire plaisir (et c’est quand même bon à prendre :D)

  3. Gaëtan 30 octobre 2012 / 15 h 41 min

    J’aime beaucoup cet auteur aussi. A mon avis, l’un des auteurs les plus performant et intéressant en fantasy historique. Mais bizarrement, celui-ci ne m’a jamais vraiment tenté. Mais j’avoue que j’ai surtout peur d’être déçu après Tigane et surtout les Lions d’Al-Rassan. Mais bon comme tu le dis, celui-ci est très différent…

    • Maêlle 5 novembre 2012 / 9 h 23 min

      Je te rejoins sur ton opinion de l’auteur… Ysabel est vraiment totalement, radicalement différent des derniers que l’on a pu lire de lui. L’histoire s’inscrit dans notre époque là où les autres que tu cites se déroulent à des époques anciennes et diverses, sans parler des « mondes » qu’il créée ce qui n’est pas le cas de Ysabel. Néanmoins, ça reste du GGK donc passer à côté était inenvisageable surtout avec Lintje… Si je devais vraiment le comparer aux autres que j’ai pu lire de lui, je dirai qu’il est quand même « moins » bien. C’est moins recherché, moins travaillé. On dirait un livre écrit pour le plaisir d’écrire quelque chose de simple. Mais GGK n’est jamais désagréable à lire…

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