Le rouge vif de la rhubarbe de Auður Ava Ólafsdóttir

   Je suis bien contente d’avoir à écrire plutôt qu’à dire le nom de l’auteur… Vive le copié-collé, soyons honnêtes ! Cet ouvrage, offert à mon papa pour son anniversaire, figurait sur la liste de mes envies de lecture dans le cadre du challenge de la rentrée littéraire organisé par Sophie Hérisson et Léa Touch Book.

   Auður Ava Ólafsdóttir est une écrivaine islandaise que je ne connaissais pas avant d’offrir un de ses livres. J’ai passé un moment sympathique. J’ai lu ce roman d’une traite. Il a un petit côté Erri de Luca dans la façon dont l’auteure met de la poésie dans ses descriptions.

Ágústína marche avec des béquilles. Elle vit entre une plage et une montagne, loin de sa mère partie courir le monde à la recherche d’oiseaux de toute espèce, un appareil photo à la main. Son rêve à elle, c’est de gravir les 840 mètres qui la sépare du sommet de la montagne.

   Ágústína est une gamine attachante. Sa bizarrerie n’a rien à voir avec son handicap mais plutôt avec sa vision de la vie et des choses. Ágústína est une enfant atypique qui voit le monde différemment. Adolescente incapable de tenir debout, elle voit pourtant la vie avec une hauteur que confère le manque. Le manque d’une mère, le manque de jambes.

   C’est un récit à la force des bras. Une histoire qui vous grandit alors même que c’est une enfant qui vous parle. Ágústína n’hésite pas à discuter avec Dieu. Il lui arrive souvent de philosopher. Ne pas pouvoir être comme tout le monde vous fait devenir comme personne. Elle voit le monde depuis le bas mais passe son temps à l’imaginer vu d’en haut. Elle m’a donné l’impression d’être un oisillon tombé du nid, incapable de décoller pour retourner d’où il vient.

   Ce roman est atypique. Il ne donne aucune direction, ne va nulle part de prime abord. Il surprend à tout point de vue. L’écriture est extrêmement fluide, presque douce. Elle m’a donné le sentiment de dépeindre le monde à travers des pastels. Ágústína est le personnage central autour duquel gravite un monde réduit qui vit au rythme d’un temps inconnu chez nous : celui des jours presque sans fin et des nuits parfois continues. On sent l’importance de l’environnement dans ce récit. L’île est abondamment décrite, comme le temps qu’il fait, les saisons qui cadencent la vie des habitants. Elle m’a paru comme un personnage à part entière qui répand l’ombre de sa montagne.

   Au fil de l’histoire, on découvre celle de la jeune fille. Je me suis attachée à elle, j’ai aimé son non-conformisme. L’auteure traite le handicap comme quantité négligeable. Il est là, elle vit avec. Pas de quoi en faire une montagne justement. Et même si elle rêve parfois de courir sur la berge, à travers les prés et les champs, Ágústína ne se prive de rien. Elle grimpe, adapte sa vie à son handicap. Elle va moins vite mais elle va au même endroit que tout le monde.

   C’est une vision forte du handicap qui ne vient pourtant pas obérer un autre point essentiel de l’histoire. Dénuée de jambes fonctionnelles, Ágústína possède néanmoins un cœur, quelque peu meurtri par l’absence de sa mère. Je me suis interrogée sur cette femme qui laisse son enfant handicapé et pars. Je me suis demandée comment elle faisait pour se contenter de brefs échanges épistolaires avec celle à qui elle a donné la vie. On réalise qu’il y a peu de contacts humains dans ce récit. Il faut l’arrivée d’une jeune garçon dans la vie de Ágústína pour que les mains s’enlacent et les corps se rapprochent.

   Enfant non désiré mais choyé par celle qui s’occupe d’elle au quotidien, Ágústína ne semble ni vraiment heureuse, ni malheureuse. Mais elle m’a paru un brin mélancolique, surtout quand elle souhaite ardemment qu’une chose : s’allonger sous les feuilles des rhubarbes et regarder le ciel…

   L’histoire ne se raconte pas, elle se lit. Elle se résume difficilement, elle se vit. Sans être un coup de cœur, ce livre est un vrai plaisir à lire avec une fin qui n’a rien d’hollywoodien… Une fin aussi triste qu’ouverte, qui vous laissera, lecteurs, à la merci de votre imagination.

Bonne lecture,

Maêlle

Dernière lecture dans le cadre d’une challenge 1% de la rentrée littéraire !

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3 réflexions sur “Le rouge vif de la rhubarbe de Auður Ava Ólafsdóttir

    • Maêlle 6 août 2017 / 21 h 43 min

      Le challenge est l’occasion de voir ce qui nous échappe dans la masse 🙂 Je te le conseille, c’est une petite douceur littéraire!

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